Un point commun à 15% des formes graves : un défaut d’activité des interférons de type I
Au démarrage de la pandémie de Covid-19, le Pr Jean-Laurent Casanova et son équipe ont mis en place le consortium international Covid Human Genetic Effort dans le but d’identifier les facteurs génétiques et immunologiques pouvant expliquer la survenue de formes graves de la maladie. Ils se sont intéressés à des patients atteints de ces formes sévères hospitalisés à travers le monde.
Les malades ont en commun un défaut quantitatif ou d’activité des interférons de type I (IFN I), des molécules du système immunitaire qui ont normalement une puissante fonction antivirale. Dans deux publications parues dans la revue Science1,2 , ces chercheurs ont mis en évidence, chez 3 à 4% des patients présentant une forme sévère, des altérations de gènes déjà connus pour régir les réponses immunitaires contrôlées par les IFN I, notamment contre le virus grippal ; ces mutations ont ici pour conséquence la diminution de la production de ces interférons.
De manière encore plus surprenante, chez 10 à 11% d’autres patients atteints de forme grave, ils ont identifié une situation d’auto-immunité, bloquant l’action des IFN I, avec une présence dans le sang d’auto-anticorps dirigés contre eux. Dans une publication récemment parue dans le Journal of Experimental Medicine, ces mêmes auto-Ac anti-IFNs de type I ont également été incriminés comme étant la cause de réactions sévères au vaccin vivant de la fièvre jaune chez environ un tiers des patients d’une cohorte internationale3 , confirmant les découvertes des équipes d’Imagine.
Des découvertes à un test de dépistage
« Ces études ont mis en évidence le rôle crucial des interférons de type I dans la réponse immunitaire contre le SARS-Cov-2 et le développement d’une forme grave de la maladie. Les variants génétiques qui diminuent leur production ou les auto-anticorps qui neutralisent leur action, sont présents dans l’organisme avant l’infection par le virus et sont déterminants pour l’évolution de la maladie. Certaines formes graves pourraient donc être évitées en dépistant la population générale afin de détecter d’éventuels auto-anticorps, et en administrant des interférons dès le début de l’infection chez certains patients », expliquent Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel.
Dans cette perspective, l’Institut Imagine a choisi de s’allier à des partenaires et signe un premier contrat de collaboration avec Cerba HealthCare, acteur de référence du diagnostic médical et de la biologie de spécialité.
« L’expertise de Cerba HealthCare, sa connaissance de la biologie médicale spécialisée, de la prévention au dépistage et au diagnostic, et son réseau international, sont des atouts majeurs. Ils vont nous permettre d’aller encore plus loin, en faisant passer ces découvertes de la compréhension de la maladie vers une application concrète pour les patients. Nous sommes vraiment ici dans la médecine génétique de précision, adaptée au contexte pandémique », se réjouit le Pr Stanislas Lyonnet, Directeur de l’Institut Imagine.
Jérome Sallette, Directeur Scientifique de Cerba HealthCare, ajoute : « Ce partenariat avec l’Institut Imagine illustre parfaitement notre vision commune sur la nécessité d’accélérer la découverte d’outils diagnostiques et nouveaux traitements, notamment en créant plus de liens entre les différents écosystèmes. La notoriété, l’expertise et l’engagement des équipes de l’Institut Imagine sont un indéniable facteur de succès de ce projet, pour lequel nous avons, de notre côté, mobilisé toutes nos expertises. Si l’épidémie favorise la course à l’innovation, elle souligne plus que jamais l’indispensable coopération entre acteurs publics et privés ».